Formation et peuplement de l'île
Selon des légendes réunionnaises, le Piton de la Fournaise abriterait une sorcière nommée Grand-mère Kalle. Tantôt ancienne esclave qui aurait perdu son fils, tantôt propriétaire qui maltraitait ses esclaves, parfois accompagnée d’un oiseau, d’autres fois elle-même sous la forme d’un oiseau, certains racontent qu’elle enlèverait les enfants pour les enfermer dans le volcan. D’autres disent que la colère de Grand-mère Kalle provoquerait les éruptions du volcan.
Cette légende, inspirée de l’époque coloniale, montre ainsi l’ambivalence du volcan à la fois fascinant et dangereux, mais également source de vie. En effet, c’est le volcan qui est à l’origine de la formation de l’île.
La Réunion est une île relativement jeune à l’échelle de l’histoire de la Terre (4,5 milliards d’années). Elle prend forme il y a environ 3 millions d’années au milieu de l’océan Indien autour du Piton des Neiges. C’est l’accumulation de magma produit par un volcan sous-marin qui entraine la création de l’île.
Cette carte produite par le Centre d'Études de Géographie Tropicale en 1975 illustre les différentes étapes de l'édification de l'île.
Le Piton des Neiges est le premier à émerger. Autour de lui se forme un massif montagneux qui en s’effondrant donne naissance à trois cirques : Salazie, Mafate, Cilaos.
De la formation de l’île jusqu’à aujourd’hui, les volcans, tantôt destructeurs, tantôt créateurs, n’ont cessé de modeler ainsi son paysage.
Contrairement aux îles qui se forment grâce à la dérive des continents, La Réunion n’est, à l’origine, peuplée par aucune espèce, que ce soit animale ou végétale. Ces dernières s’y sont installées successivement. Les premiers animaux à s’installer sur l’île arrivent par les airs, il s’agit majoritairement des oiseaux et des chauves-souris. Des insectes et des araignées, « plancton aérien », arrivent aussi sur l’île transportés par le vent. Les animaux terrestres arrivent, quant à eux, par la mer. Ils dérivent dans l’océan notamment sur des morceaux de bois lorsqu’il y a des crues. C’est ce qu’on appelle l’« effet radeau ». Pour ce qui est des végétaux, ils sont, pour la plupart, dispersés grâce à l'action des oiseaux, quand d’autres dérivent jusqu'à l'île par la mer.
D’autres facteurs sont à prendre en compte pour ce qui est du peuplement des îles. Notamment la théorie de biogéographie insulaire élaborée en 1963 par MacArthur et Wilson, l’un mathématicien, l’autre biologiste : plus une île est grande ou proche d’un continent, plus elle abrite d’espèces différentes.
Avec le temps et du fait de l’isolement, les espèces arrivées sur l’île se spécialisent et deviennent endémiques : elles s’adaptent à leur environnement et ne peuvent donc plus se reproduire avec l’espèce originelle venue du continent.
L’île de La Réunion est découverte au XVIe siècle, mais l’être humain ne commence à s’y installer véritablement qu’à partir de la fin du XVIIe siècle. Dans les bateaux arrivent avec lui les rats. On introduit alors des chats à La Réunion pour s’en débarrasser. Mais, les chats s’attaquent aussi aux oiseaux endémiques de l’île. Il s’agit d’un exemple parmi d’autres d’espèces introduites menaçant les espèces naturellement présentes à La Réunion, car l’Homme y a fait venir environ 350 espèces animales et végétales depuis le XVIe siècle. En partie à cause de cela, un certain nombre d’espèces endémiques de La Réunion ont aujourd’hui disparu.
D’autres phénomènes contribuent à menacer la faune et la flore de l’île : destruction des habitats liée à l’urbanisation, utilisation de pesticides dans l’agriculture ou encore braconnage de certaines espèces. En conséquence, de nombreuses espèces de l’île sont aujourd’hui menacées. Des moyens de protection sont mis en place, adaptés aux enjeux locaux.